Fontaine de Fortune
En réponse au défi de Charles d'Orléans :
Je meurs de soif auprès de la fontaine,
Froid sous la coiffe en un harnois ardent ;
Vaillant et preux tremble en forêt lointaine,
Trop hasardeux et pourtant très prudent ;
Rien ne m'est clair mais tout est évident,
De blancs éclairs assombrissent le soir ;
Sereine fée, coléreux taureau noir,
Ce songe fais, plus éveillé qu'aucun ;
Me suis levé juste au moment de choir,
Fortune sait ce qu'ignore chacun.
Rien n'est plus faux qu'un vrai croque-mitaine,
Bon s'il le faut tel méchant président ;
Absent des lieux sa présence est certaine,
Géant haineux, il vous aime à sa dent ;
Ce qui s'en suit a eu un précédent,
Et j'entrevois ce que je crains de voir ;
Espérance ai quand m'atteint désespoir,
N'ai nul souci inquiet comme pas un ;
L'inculte croit l'érudit sans savoir,
Fortune sait ce qu'ignore chacun.
N'ai nulle envie désir m'est capitaine ;
Chez moi je suis tel serait résident,
Bien prétentieux en sa quête incertaine,
Tentant le sort redoutant l'accident ;
Je joue le jeu et me veux dissident,
Jouant encore alors qu'il faut surseoir ;
Je fais le vœu de n'en pas plus vouloir,
Dans ma folie sage suis pour quelqu'un ;
Le temps s'enfuit je reste en son pouvoir,
Fortune sait ce qu'ignore chacun.
Prince je suis libre de tout devoir,
Non possédé par le démon d'avoir ;
Héros discret du merveilleux commun,
Suis devant et derrière le miroir ;
Fortune sait ce qu'ignore chacun.
de Jean-Luc Aotret à Jean de Couldrette
"La Fontaine de Fortune" Bathélémy van Eyck 1470 "le livre du coeur d'amour épris" René d'Anjou 1457 cliquez sur l'image
Je meurs de soif auprès de la fontaine,
Froid sous la coiffe en un harnois ardent ;
Vaillant et preux tremble en forêt lointaine,
Trop hasardeux et pourtant très prudent ;
Rien ne m'est clair mais tout est évident,
De blancs éclairs assombrissent le soir ;
Sereine fée, coléreux taureau noir,
Ce songe fais, plus éveillé qu'aucun ;
Me suis levé juste au moment de choir,
Fortune sait ce qu'ignore chacun.
Rien n'est plus faux qu'un vrai croque-mitaine,
Bon s'il le faut tel méchant président ;
Absent des lieux sa présence est certaine,
Géant haineux, il vous aime à sa dent ;
Ce qui s'en suit a eu un précédent,
Et j'entrevois ce que je crains de voir ;
Espérance ai quand m'atteint désespoir,
N'ai nul souci inquiet comme pas un ;
L'inculte croit l'érudit sans savoir,
Fortune sait ce qu'ignore chacun.
N'ai nulle envie désir m'est capitaine ;
Chez moi je suis tel serait résident,
Bien prétentieux en sa quête incertaine,
Tentant le sort redoutant l'accident ;
Je joue le jeu et me veux dissident,
Jouant encore alors qu'il faut surseoir ;
Je fais le vœu de n'en pas plus vouloir,
Dans ma folie sage suis pour quelqu'un ;
Le temps s'enfuit je reste en son pouvoir,
Fortune sait ce qu'ignore chacun.
Prince je suis libre de tout devoir,
Non possédé par le démon d'avoir ;
Héros discret du merveilleux commun,
Suis devant et derrière le miroir ;
Fortune sait ce qu'ignore chacun.
de Jean-Luc Aotret à Jean de Couldrette